Pour profiter du plus beau spectacle du sport automobile français ce week-end, il fallait être en Haute-Garonne, non loin de la commune de Calmont où se déroule traditionnellement chaque année, l’épreuve mythique du Touge du Championnat de France de Drift FFSA.
Sur une section de route de 450 m dans la côte de Gary, c’est un véritable retour aux sources de la discipline du Drift, à l'identique des montagnes sinueuses du Japon. Ainsi, serpentant entre le ravin et la montagne, les pilotes exécutent leur meilleur pilotage pour enflammer le public placé sur les buttes pour observer en contre-plongée ce spectacle de glisse qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Le Championnat de France de Drift FFSA, ainsi que toutes les équipes en charge de l’organisation de chaque manche du calendrier, sont fiers de pouvoir constater qu’une nouvelle fois, c’est à guichets fermé que s’est déroulée cette épreuve, soit 3 500 personnes par jour, samedi et dimanche.
William Pesle, l’équilibriste de Calmont !
Les plus assidus du Championnat de France de Drift FFSA savent que Calmont fait exception dans le calendrier puisque les pilotes de la catégorie Loisir ne sont pas conviés à rouler sur cette manche. En effet, le tracé ne présente pas les mêmes normes de sécurité que les circuits traditionnels, ainsi on privilégie donc les pilotes plus expérimentés pour pouvoir enrouler les courbes et les virages à l’aveugle.
Ainsi, les premiers moteurs qui vont caresser les tympans des spectateurs sont les pilotes de la catégorie Pro qui vont en découdre pour tenter de se qualifier parmi les 16 premiers, les seuls à pouvoir accéder aux battles. Dans cet exercice, c’est Denis Bertrand avec sa BMW E46 habillée de carbone qui réalise la meilleure performance non sans flirter avec les rails dans un panache de fumée et un angle d’attaque spectaculaire. Derrière lui, Dylan Kaynak tenait la pole position jusqu’à la deuxième et dernière tentative de Denis Bertrand, Alexandru Dumitru s’est également montré à son aise, tout comme le leader du championnat, Séverin Stoeckli et sa Nissan S14. Fabricio Henrique Pires a dû s’y reprendre à deux fois pour se qualifier, trop généreux sur son premier passage, il embrasse le rail et y laisse son pare-choc arrière.
Pour ce Top 16, le tracé de Calmont offre une adhérence précaire, car la pluie s’est invitée. Une difficulté supplémentaire à appréhender, s’il était encore vraiment nécessaire d’en ajouter une. Cela va pimenter les duels, et Denis Bertrand qui était très à l’aise pour les qualifications, va perdre son face à face contre Vincent Ferreira. Celui-ci affrontera ensuite David Meunier au tour suivant, lui qui a connu un souci mécanique et a remporté son duel décidé sur une dépanneuse face à Boris Ramos. Autre surprise de ce Top 16, le leader Séverin Stoeckli sera victime de sa mécanique, un rapport de boîte l’empêchera de défendre correctement ses chances, laissant Pascal Lia accéder au tour suivant. Alexandru Dumitru va se défaire de Xavier Diebold et sa BMW E92 « Joker » pour affronter William Pesle dans ce Top 8 qui se constitue au grès des duels remportés. L’affrontement des BMW E46 de Ricardo Ribeiro et Dylan Kaynak, tournera à l’avantage du premier cité, mais il chutera par la suite face à Thomas Compigne.
Dans le dernier carré final, Thomas Compigne affronte William Pesle, sa BMW sera victime d’une coupure du moteur, la Nissan de Williams Pesle ne pourra éviter le contact, et le dernier run permettra à ce dernier d’accéder à la finale. Thomas Compigne prendra sa revanche en petite finale face à Florian Loyenet et décroche la troisième marche du podium. Pour la finale, Vincent Ferreira se fait distancer sur le premier run, la manche retour piègera Vincent Ferreira ce qui scellera la victoire de William Pesle. Ces deux-là ont été bien inspirés de trouver le chemin de la finale et vont inscrire de gros points au championnat pour se rapprocher de Séverin Stoeckli, éliminé dès le premier tour.
Résultats Pro :
1 – William Pesle
2 – Vincent Ferreira
3 – Thomas Compigne
Qui pour contrer le champion en titre Jason Banet ?
Après les qualifications des pilotes de la catégorie Pro, place à la catégorie Elite. Si il y en a un qui souhaite s’illustrer, c’est Jason Banet, déjà vainqueur ici en 2022. Il ne va pas rater l’exercice de la qualification en s’attribuant la meilleure note des juges devant un autre spécialiste de cette épreuve, Axel François qui échoue pour quelques dixièmes seulement. Les positions sont très serrées derrière également puisque Anthony Rocci, déjà vainqueur de la manche de Croix-en-Ternois cette année est sur les talons d’Axel François. Jérôme Esteban, Mathias Locatelli, Kevin Jozou et Andre Silva se tiennent dans un mouchoir, de même que Jocelin Janin, Lou Fourel, Enzo Surace et Guillaume Gleyo.
Les premiers duels sont très attendus par la foule, ils vont permettre de revoir les panaches de fumée et une meilleure adhérence car la piste est redevenue praticable et sèche. C’est au grand dam d’Hugo Lavedan très à l’aise lorsque la piste était mouillée, la Subaru BRZ emmenée par Jason Banet sera inaccessible pour la M3 E92 qui a d’ailleurs tapé le rail. Le pilote suédois Martin Stangberg nous permet de voir une belle et rare Mercedes CLK face à Benoït Vavasseur et sa BMW Série 1. La Mercedes perdra son parechoc arrière dans le premier duel, la BMW ne pourra faire la manche retour à cause d’un ennui technique.
Kevin Jozou ira se hisser dans le Top 8 en remportant ses duels face à Jaime Fourel, puis Guillaume Gleyo. Il sera opposé à Laurent Nikitin qui s’est également hissé à ce niveau après avoir battu Frédéric Houivet et Anthony Rocci. Enzo Surace continue sa progression et arrive, lui aussi dans le Top 8. Celui qui a fait sensation, c’est Axel François avec sa Nissan S13 « Interceptor », un look unique pour cette Japonaise qui adopte les couleurs des véhicules des forces de l’ordre américaines. Après un duel remporté face à Jérémy Germain, puis celui face à Enzo Surace, voilà qui envoie l’Interceptor en demi-finale confronté à Laurent Nikitin.
Le dernier quart va donc nous offrir une confrontation entre Laurent Nikitin et Axel François, les deux expérimentés produisent un beau spectacle galvanisant le public sur les butes, mais l’Interceptor va partir à la faute. Mais au cumul des deux manches, c’est bien Axel François qui est envoyé en finale par les juges, Laurent Nikitin étant fautif dans l’action pointée du doigt par les officiels. Dans la petite finale qui va confronter Jérôme Esteban et sa BMW Série 1 face à Laurent Nikitin et sa Nissan S13, il y aura un gros contact dès le premier déclenchement, et le choc sera si important que le demi-train arrière gauche de la BMW sera plié net, tout comme celui à l’avant droit de la Nissan. Les juges vont quand même attribuer la victoire à Jérôme Esteban, ici le suiveur a gêné le leader et donc jugé responsable de l’accident.
Pour la finale, Jason Banet et Axel François vont tout donner pour le plus grand plaisir des spectateurs, dans le premier run, Axel François commet une petite erreur avec un drift opposé à la trajectoire, dans la manche retour c’est Jason Banet qui va toucher le rail, c’est ainsi une égalité et une impossibilité de les départager, les juges ordonnent un « One More Time ». Dans le duel retour, on assiste à un balai parfaitement synchronisé et réalisé dans les deux manches, un panache de fumée pour conclure cette journée et ce meeting de Calmont, Jason Banet s’impose sur le fil face à Axel François, ce dernier ayant commis une toute petite erreur lui coûtant la victoire.
Résultats Élite :
1 – Jason Banet
2 – Axel François
3 – Jérôme Esteban
Du drift Touge de haut-vol, la finale attribuera les titres !
Cette manche de Calmont a permis une nouvelle fois de se hisser au sommet de la discipline du drift, tant elle a produit un spectacle et un suspense haletants. L’ensemble des concurrents y reviennent chaque année pour se surpasser et produire un numéro de haute voltige impressionnant. Dépourvue de ligne droite, le tracé de la côte de Gary jette au visage des pilotes des courbes au profil différent permettant une démonstration de ce que furent les racines de la discipline du drift. Si les pilotes ont produit le son et l’image, l’ambiance est venue du public, encore et toujours présent en nombre qui ne veut rien rater du Championnat de France de Drift FFSA.
Cette avant-dernière manche permet de garder le suspense entier quant à l’attribution des titres des trois catégories. Statu quo pour les pilotes en Loisir qui n’ont pas roulé à Calmont, en catégorie Pro, les six premiers du classement sont encore mathématiquement titrables d’autant que Séverin Stoeckli possède un faible avantage sur William Pesle ou encore Vincent Ferreira. Pour la catégorie des Élite, Jason Banet a pris une option mais Mathias Locatelli n’abdique pas, c’est le seul qui puisse encore lui contester la couronne.
Le rendez-vous est pris, ce sera dans trois semaines que cette finale sera disputée au Val d’Argenton où le Championnat de France de Drift FFSA retournera pour conclure cette saison 2024 afin de couronner les pilotes de chaque catégorie.